Ma chère Virginie,
Après de très longues années, ta maman a enfin trouvé la force et le
courage d’écrire le dernier chapitre du livre que vous aviez commencé
ensemble.
Elle a pleuré des larmes de sang avant de pouvoir y arriver.
Voilà votre histoire prête à être livrée aux yeux du monde.
Tu n’as connu que les balbutiements
de l’informatique, comment aurais-tu pu imaginer qu’un récit relatant
tant d’amour, d’aventures mais aussi de souffrances puisse tenir sur une
petite clé……. de ta si courte vie !
Une vie que ta maman a rendue intense, à chaque instant de trêve que te laissait la maladie.
Tour à tour couturière, cuisinière, photographe, maîtresse d'école,
infirmière, confidente, elle a choisi de ne vivre que pour toi pour
profiter au maximum de ta présence. Tu sais qu’il n’y a pas besoin de
grands moyens pour cela, quelques bouts de tissus, de l’imagination et
te voilà princesse, squaw ou petit lapin. Au moment de l’adoption, les
médecins ne t’avaient octroyé que quelques années d’espérance de vie et
chaque instant était précieux.
Ton village aussi t’avais adoptée et
tu lui rendais son amour au centuple ! Comment ne pas succomber au
charme de Barjac… Ce fabuleux village où je passais des vacances qui
restent mes plus beaux souvenirs d’enfance.
Pour toi, c’était ton
lieu de vie et de survie, qui compensait, par la pureté de son air, tes
défaillances pulmonaires. Peut-être le Mistral aidait-il à chasser, dans
ton âme, les nuages du fardeau quotidien de la maladie et des soins
incessants ? C’était si lourd à porter pour une enfant, aussi courageuse soit-elle.
Quand tu t’es envolée la réaction de certaines personnes fut de dire : «
Ah oui mais elle était malade ? ! » A nous qui avions jusqu’au bout
espéré contre toute espérance ……..
J’ai aussi trop souvent
entendu : « Quelle idée d’adopter une enfant malade ! » Sans doute
aurait-il été préférable que nous te laissions dans la solitude d’une
institution, que ta vie ne soit qu’une lente agonie. Nous n’aurions pas
eu la joie de te connaître mais nous serions restés dans la norme !
Heureusement pour nous qui t’avons aimé que tes parents soient passés
par là et que, trop jeunes pour adopter, ils n’aient pu choisir qu’une
enfant de « deuxième choix ». Sans cette belle règle administrative nous
ne nous serions jamais rencontrés. Il m’est difficile de
l’imaginer………….
Tu sais que je n’ai pu t’accompagner à ta dernière
demeure. Je n’ai jamais pu aller me recueillir sur cette tombe où tu
n’es pas. Ta place est dans nos cœurs et dans nos têtes ou chante encore
ton accent provençal, héritage des gens de ce village que tu as tant
aimé !
Tonton Bibi
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