mercredi 19 février 2014

Mardi gras 1985 à Charleroi





Pour le carnaval, Virginie était tout à fait rétablie. Un soleil superbe vint adoucir un peu les rigueurs de l’hiver. Pour protéger ma fille du froid, je la déguisai en petite vieille, lui enfilant le vieux manteau de fourrure de ma mère. Sur sa tête, j’enfonçai une perruque surmontée d’une toque noire. Un maquillage approprié et une monture de lunettes vieillotte vinrent compléter la mascarade. Virginie était méconnaissable. Elle n’avait jamais vu les Gilles. Ils défilèrent sous son regard émerveillé. Le roulement des tambours nous remuait les entrailles. Le spectacle envoûtant des coiffes en plumes d’autruche qui tournoyaient au son de la musique, le martèlement des sabots sur les pavés, le tintement des clochettes, (un seul Gilles valait à lui seul tout un troupeau de chèvres me dit Virginie, comparaison qui me fit éclater de rire) se mariaient harmonieusement avec la musique.
 Extrait de mon livre : "L'espoir à chaque souffle"

lundi 10 février 2014

Février 1980 : Virginie a 7 ans 1/2. Les "petits indiens" partagent ses jeux.

Ils venaient chez nous si enthousiastes ces enfants, avec deux jours de petits bonheurs et de grandes peines à nous raconter. Nous organisions des jeux fantastiques, nous inventions des histoires fabuleuses, nous vivions des moments merveilleux !
Bientôt, les enfants n’eurent plus grand chose à se mettre sur le dos. Je me mis au travail avec ardeur, ne ménageant ni mes heures de sommeil ni ma peine. Je leur constituai toute une garde-robe.
Pour Noël Antoine nous embarqua pour Niort où nous attendaient ses parents. Ceux-ci avaient loué un gîte rural pour nous loger. Je préparai pour les enfants une superbe fête de Noël. Les 13 desserts étaient au rendez-vous.
Amélie et Flavien reçurent des cadeaux royaux de leurs grands-parents. Ils offrirent à Virginie un petit livre d’images ! De mon côté je réservais aux enfants une surprise de taille : de superbes habits d’indiens que j’avais réalisés avec des tissus très colorés et solides. Je les devais, une fois de plus, à la générosité du fabriquant de tissu rencontré à Alès juste avant l’adoption de Virginie. Les enfants poussèrent des cris de sioux et sautèrent autour du «vrai» tipi d’indien que je leur offrais.
Le lendemain 25 décembre nous fabriquâmes une superbe maison en pain d’épices. Les jours se déroulaient heureux, entourées par ces enfants merveilleux. Nous fêtâmes les rois dans l’allégresse générale. Virginie n’était plus seule et les trois enfants s’adoraient. Hélas, malgré son affection pour Amélie et Flavien, malgré le bonheur qu’elle éprouvait en leur compagnie, Virginie les mordait cruellement au moment où l’on s’y attendait le moins. Ses crises, imprévisibles et non motivées, nous laissaient perplexes.
Les parents d’Antoine nous rendirent visite en mai. Je devais préparer les repas pour sept personnes. Comme si cela ne suffisait pas, la mère d’Antoine était au régime strict et je devais prévoir deux ou trois menus différents par jour. Si Antoine et ses parents trouvaient cela tout naturel, je commençais à saturer mais je tenais le coup pour les enfants. La rupture avec Antoine qui m’exploitait sans scrupules devint inévitable.
C’est avec les enfants seuls que nous fêtâmes mon anniversaire, si heureuse de les avoir avec nous. Antoine ne me manquait pas le moins du monde.