Ils venaient chez nous si enthousiastes ces enfants, avec deux jours de
petits bonheurs et de grandes peines à nous raconter. Nous organisions des jeux
fantastiques, nous inventions des histoires fabuleuses, nous vivions des
moments merveilleux !
Bientôt, les enfants n’eurent plus grand chose à se mettre sur le dos.
Je me mis au travail avec ardeur, ne ménageant ni mes heures de sommeil ni ma
peine. Je leur constituai toute une garde-robe.
Pour Noël Antoine nous embarqua pour Niort où nous attendaient ses
parents. Ceux-ci avaient loué un gîte rural pour nous loger. Je préparai pour
les enfants une superbe fête de Noël. Les 13 desserts étaient au rendez-vous.
Amélie et Flavien reçurent des cadeaux royaux de leurs grands-parents.
Ils offrirent à Virginie un petit livre d’images ! De mon côté je réservais aux
enfants une surprise de taille : de superbes habits d’indiens que j’avais
réalisés avec des tissus très colorés et solides. Je les devais, une fois de
plus, à la générosité du fabriquant de tissu rencontré à Alès juste avant
l’adoption de Virginie. Les enfants poussèrent des cris de sioux et sautèrent
autour du «vrai» tipi d’indien que je leur offrais.
Le lendemain 25 décembre nous fabriquâmes une superbe maison en pain
d’épices. Les jours se déroulaient heureux, entourées par ces enfants
merveilleux. Nous fêtâmes les rois dans l’allégresse générale. Virginie n’était
plus seule et les trois enfants s’adoraient. Hélas, malgré son affection pour
Amélie et Flavien, malgré le bonheur qu’elle éprouvait en leur compagnie,
Virginie les mordait cruellement au moment où l’on s’y attendait le moins. Ses
crises, imprévisibles et non motivées, nous laissaient perplexes.
Les parents d’Antoine nous rendirent visite en mai. Je devais préparer
les repas pour sept personnes. Comme si cela ne suffisait pas, la mère
d’Antoine était au régime strict et je devais prévoir deux ou trois menus
différents par jour. Si Antoine et ses parents trouvaient cela tout naturel, je
commençais à saturer mais je tenais le coup pour les enfants. La rupture avec
Antoine qui m’exploitait sans scrupules devint inévitable.
C’est avec les enfants seuls que nous fêtâmes mon anniversaire, si
heureuse de les avoir avec nous. Antoine ne me manquait pas le moins du monde.
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