lundi 2 décembre 2013

Premier Noël – Les envahisseurs - Extrait du livre "L'espoir à chaque souffle " !

Ce premier mois avec notre enfant passa très vite. Vers le 15 décembre, Julien ramena un sapin que j’entrepris de garnir. Je confectionnai des guirlandes avec des cotillons et des pommes de pin. Je suspendis, à l’aide de rubans pour cadeaux dont je frisai les retombées, des pommes rouges et des mandarines. Virginie me gratifia d’un gazouillis admiratif. Je fabriquai
une poupée de chiffon vêtue d’une robe semblable à celle que j’avais confectionnée pour Virginie et qu’elle devait étrenner à Noël.
Des parisiens, dont nous avions vaguement fait la connaissance l’été précédent, annoncèrent leur arrivée. Le fait qu’ils aient loué un gîte rural ne me rassura qu’à demi. J’avais pu juger de la diablerie de leurs deux gamins âgés de quatre et six ans, blonds chérubins en apparence.
Ce que je craignais arriva : la location ne servit qu’à les abriter pour la nuit et à y prendre leur petit déjeuner ! Dès dix heures le matin, ils arrivaient. Pas une heure ne se passait sans qu’une bêtise monumentale ne fût commise. Rien n’était à l’abri de ces terreurs. Ils ouvraient et claquaient violemment les portes, affolant Virginie qui hurlait de terreur. J’étais épuisée par les cris stridents, les bagarres, la casse. Les parents, très baba-cool, ne m’aidaient en rien mais trouvaient normal de partager nos repas sans participation aucune. Notre budget fondait dangereusement et leur présence tardive ne me permettait pas de récupérer.
Dans cette ambiance survoltée, je tentai d’organiser le premier Noël de Virginie. Sur la table, j’installai les 13 desserts qui furent aussitôt dispersés par les petits diables. Je ne trouvai pas le temps de photographier Virginie.
 Epuisée, n’ayant pas une minute pour souffler entre les soins, les repas, les vaisselles (pour lesquelles ils n’aidaient pas non plus) obligée de me mouvoir dans une cuisine trop petite pour y tenir à sept, en passant à côté de la cuisinière avec Virginie dans mes bras, sa jambe en frôla le bord et la brûla légèrement. J’appliquai de l’huile de la Saint - Jean en retenant mes larmes face aux cris de douleur de ma fille. La seule consolation de cette invasion fut la découverte d’une promenade superbe vers un hameau de Barjac, le Mas de Bonnaure. A l’avenir, chaque fois que la météo serait favorable, j’installerai Virginie dans son landau, avec une bouillotte et un biberon bien chaud à téter, savourant en paix la promenade.
Je vis avec un immense soulagement arriver la fin des vacances scolaires et le début de l’année 1974. Ces personnes ne revinrent jamais à Barjac par la suite.
Avant de dégarnir le sapin, j’installai Virginie avec sa poupée devant l’arbre qui perdait ses aiguilles, et je la pris en photo. Seul souvenir que je veux garder de ce Noël infernal qui aurait du être magique.

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